Essai comparatif : Electric Motion Factor-e vs Vertigo RS3, l’électrique peut-elle détrôner la thermique ?
Trial électrique ou thermique, l’heure du choix
Eh oui, il va bien falloir vous décider un jour ! Pouvez-vous, vous aussi, faire votre transition ?
Changer d’énergie. Troquer votre moto trial thermique pour une moto électrique et découvrir de nouvelles sensations.
Un nouveau trial sans odeur, sans vibrations, sans bruit, sans entretien, mais qui pourrait être déstabilisant en termes de sensations et limitant au niveau autonomie.
Bref, pouvez-vous trouver le plaisir dans l’électron ? C’est ce qu’on a cherché à déterminer en confrontant le summum des machines électriques, la Factor-e, face à l’une des meilleures thermiques, la Vertigo RS3.
Retour sur nos essais précédents
Nous avions pu tester l’Electric Motion Epure Factor-e il y a un an sur YouTube. Notre conclusion avait été à la hauteur de notre surprise : avec cette machine, l’électrique avait fait un tel bond en avant qu’elle pouvait quasiment rivaliser avec le thermique, notamment en 250 2T.
En termes de puissance et de couple, la différence n’était pas si importante. Restait seulement deux ou trois choses à régler, dont sa réactivité tout en bas.
James Gonzales, notre test-rider du jour, avait trouvé qu’elle présentait un temps de réponse qui l’empêchait de gicler immédiatement sur les obstacles. Résultat : un manque de précision difficile à corriger et pénalisant dans le très technique, sur les zones avec beaucoup de franchissements ou d’obstacles artificiels.
Comparaison en conditions réelles : 300 thermique vs trial électrique
Mais qu’en est-il vraiment face à une 300 cm³ thermique, sur des zones plus naturelles, avec de la pente ?
Notre essai précédent s’était déroulé à Sommières, sur un domaine avec peu de relief. Cette fois, nous avons choisi un terrain différent, et surtout, des juges d’un autre niveau : des pilotes débutants, voire des TR4 ou TR3, soit le gros de la clientèle pour ce genre de machine dans un premier temps.
Voilà pourquoi nous nous sommes retrouvés au camping du Chamadou, où Electric Motion a intelligemment laissé une machine de son parc à l’essai. Le coin regorge de trialistes, parfois en très grand nombre. Pendant les vacances de Pâques, ce sont près d’une centaine d’Allemands qui y sont venus pour rouler. Autant de clients potentiels…
Romain Rigaud, le propriétaire, nous a en plus confié sa Vertigo 300 RS3 pour la comparaison. Conditions idéales donc !
Electric Motion Factor-e : fiche technique revue et corrigée
La Factor-e n’a plus grand-chose à voir avec sa devancière, l’Epure Race. Si l’on doit pointer les changements, oubliez le jeu des 7 différences : il en faudrait plus que vos doigts et même vos orteils.
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Moteur différent, plus compact, 3 kilos plus léger, équipé d’un manchon carbone qui maintient les aimants à son régime maxi (près de 14 000 tr/min).
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Puissance maximale : 18 kW pour un couple de 1 400 Nm, soit +69 % et +100 % par rapport à l’ancienne version.
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Transmission : finie la transmission directe, place à une boîte 4 rapports (1-2 pour zoner, 3 pour l’interzone, 4 pour la rando).
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Embrayage à diaphragme, trois disques allégés.
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Contrôleur équipé de microprocesseurs plus puissants, software revu, cartographies retravaillées pour se rapprocher du comportement d’un moteur thermique.
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Batteries disponibles : 1,8 ou 2,5 kW, avec +35 % d’autonomie.
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Partie-cycle : colonne de direction rigidifiée, tés avec offset différent, amortisseur Tech de dernière génération avec settings revus (idem pour la fourche).
Bref, un bond technologique majeur. Place maintenant au verdict de nos testeurs.

Trois pilotes, trois niveaux, trois avis
Verdict global
Trois niveaux différents, mais des conclusions qui se rejoignent : la Factor-e dispose d’un gros potentiel (confirmé d’ailleurs par Benoît Bincaz sur la première du Championnat de France). Elle convient parfaitement aux débutants grâce à :
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sa douceur d’utilisation,
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son moteur qui peut se passer d’embrayage,
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son impossibilité de caler.
La Vertigo ne peut pas rivaliser sur ce terrain, malgré son injection précise et douce.
La Factor-e est la moto parfaite pour apprendre.
En puissance pure, elle n’a pas à rougir : sur la cartographie rouge, elle développe 18 kW (près de 24 chevaux), proche de la puissance d’une 300 cm³. L’exploitation de cette puissance demande toutefois de l’habitude et une bonne gestion via l’application.
L’autonomie est correcte, et EM pourra peaufiner encore la réactivité via des mises à jour. Bref, un produit dont l’achat peut clairement s’envisager.
Sam, le TR4
« La première fois que je l’ai essayée, ce fut un choc. L’absence de bruit est surprenante, même si elle émet un petit son de fonctionnement. Sur la terre, je l’ai trouvée plaisante, facile : pas besoin d’utiliser l’embrayage, impossible de caler, ça simplifie tout.
Très accessible, parfaite pour débuter. Les 3 maps permettent de moduler la puissance, et même de la modifier via l’application. Tu peux totalement brider le moteur.
Dans les cailloux, c’est autre chose. Je ne sentais pas trop les gaz, donc difficile à piloter. Je n’ai pas senti les 9 kilos d’écart avec une thermique. En tout cas, le châssis est super ! »
Julien, le TR3
« Au début, je dois l’avouer, je n’étais pas enthousiaste. J’avais des a priori sur l’électrique. Mais j’ai vite été agréablement surpris, au point de prendre beaucoup de plaisir.
Il faut un temps d’adaptation car ça ne marche pas comme une thermique. J’ai eu du mal à sentir le point de patinage de l’embrayage.
Sur la terre, elle est étonnante de facilité. Comme elle ne cale pas, tu peux descendre très bas dans les tours et repartir doucement. La motricité est incroyable, idéale en dévers ou sans adhérence.
Par contre, dans les cailloux ou sur les obstacles, il faut encore plus d’habitude pour gérer l’arrivée de puissance. Un bon pilote doit s’y faire, mais moi…
Les 3 courbes (verte, bleue, rouge) sont parfaites pour adapter la machine à chaque niveau. Tu peux même la prêter sans crainte ! »
Romain, le TR1
« Dans les zones naturelles, c’est quasiment le même pilotage qu’une thermique. Tu peux te passer de l’embrayage et laisser mourir le moteur puisqu’il ne cale pas.
En indoor, c’est différent : la réactivité de la poignée de gaz n’est pas la même, il y a un temps de latence qui complique la précision. Difficile d’estimer sa vitesse en descente ou sur un mouvement.
Peut-être qu’avec du roulage, on s’y fait. Mais ce n’est pas mon cas.
En revanche, elle motrice très bien de l’arrière. La suspension est parfaite. L’embrayage est précis, ne chauffe pas. Les freins font le job.
Le prix, en revanche, est trop élevé. Même si l’entretien est limité, ça reste une grosse somme.
L’autonomie est acceptable : Sam et Julien roulent 3h, moi plutôt 1h30 à 2h. Vers 65 % de charge, tu sens une légère baisse de puissance. Recharge : 3h à vide, 1h30 à mi-charge. »